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adolphe brassard

dait pas. Je voudrais lui demander pardon ; je voudrais… Oh ! est-ce que je sais ce que je veux ? Je voudrais qu’il cesse de me regarder, qu’il cesse de râler, de soupirer, de pleurer. Je voudrais qu’il cesse de vivre ! Je voudrais qu’il meure cet homme qui n’est guère plus vieux que moi. Enfin ! il obéit. Dans un dernier spasme ; il a ramené sa main sur sa poitrine et je vois une montre attachée à son poignet. Mais oui, et j’entends le tic tac régulier. Ah ! que ce minuscule boîtier a de la résonnance ! Le tic tac devient rageur, précipité, étourdissant. Ce boîtier va éclater. Et il éclate en me jetant son mécanisme qui prend forme de terre et de parcelles de roc. Un obus vient d’éclater donnant ainsi le signal de la tuerie qui recommence. Et, sur le poignet du mort, le petit cadran grillagé marquera l’heure de l’attaque qui s’annonce.

***

La bataille prévue ne s’est pas fait attendre. Depuis le matin, c’est la dan-