l’ordre de partir. Oh, je n’avais pas l’intention de rester, mais mon plus grand désir eût été d’amener le petit avec moi…
Étienne sursauta, et coupant la parole à son interlocutrice :
— Que dites-vous, tante Marie ! l’enfant…
— Je voulais l’emmener avec moi. Il ne serait pas mort dans ses bras. Il était si fort, si beau lorsque je le quittai. Ah, ce vieillard, quel cœur de pierre !
Étienne se leva en proie à un trouble violent. Il fit quelques pas dans la pièce, puis, s’arrêtant devant sa tante, et penché vers elle :
— Précisez, tante Marie, vous dites bien que trois jours après l’enterrement de sa mère l’enfant vivait encore…
— Certainement ! et plus vigoureux qu’à sa naissance. Mais qu’as-tu donc ?
— Vous comprendrez mon émoi, quand vous saurez que le vieux Joachim m’a dit que le bébé mourut quelques heures après sa mère.
— Il t’a trompé ! s’écria-t-elle. D’ailleurs, tu peux t’en assurer ; demande-le à Mélanie Bêlon, elle doit vivre encore, c’est elle qui m’a remplacée auprès du petit.
— Comme c’est étrange ! Ah, j’en aurai le cœur net !
— Pour ta satisfaction, informe-toi ; hélas, ton fils est bien mort, j’ai lu l’avis de son décès dans les journaux quelque temps après que j’eus quitté la ferme.
— Le vieux Bruteau me dira toujours pourquoi il m’a menti, dit-il avec force.