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— J’ai des parents éloignés, mais ils ne soupçonnent même pas mon arrivée dans la région. Demain j’irai leur conter mon aventure.

— Demain ? Vous sentez-vous si fort ?

— Oh oui, vous verrez.

Le lendemain, de bonne heure, alors que Gilberte s’occupait à relever ses fleurs un peu abattues par la pluie de la nuit, elle vit venir à elle le blessé, un peu pâle mais la démarche assurée.

— Bonjour mademoiselle Mollin, dit-il d’une voix grave et émue.

— Bonjour monsieur, répondit Gilberte, doucement.

— Mademoiselle, j’ai pris congé de votre excellent oncle, et je viens vous dire non pas adieu, mais au revoir… si vous le permettez.

Gilberte releva son beau regard sur les yeux francs de cet homme, à peine plus âgé qu’elle.

— Croyez-vous qu’il soit nécessaire de nous revoir, monsieur, nos chemins se sont croisés, n’est-ce pas tout ?

— La Providence veut quelquefois ces croisées, et souvent les voyageurs qui s’y rencontrent, suivent ensuite la même route. Mademoiselle, permettez que je revienne…

Gilberte tendit sa main à Étienne Bordier.

— Revenez, dit-elle simplement.

— Merci, répondit-il en portant les doigts fins à ses lèvres.

Ces deux êtres jeunes et beaux s’étaient compris et aimés à première vue.