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— Une personne charmante ; je garde un souvenir ineffaçable de la seule fois que je l’ai vue.

— Je me demande pourquoi Étienne n’est pas venu nous trouver dans sa détresse ; nous l’aurions secouru, réconforté. Si je ne connaissais si bien mon cousin, je dirais qu’il a couru au suicide. Mais non, cet homme de droiture à toute épreuve, n’a pas quitté la vie en volant son heure dernière à Dieu. Je suis persuadé qu’il n’a pas choisi ce climat meurtrier dans un but de destruction. Ah, le malheureux, ce qu’il a dû souffrir, et qu’il doit souffrir encore s’il est vivant. Les Bordier n’ont qu’un amour dans leur vie, tu sais cela, Jeanne, ma chère femme ?…

— Oui, répondit-elle émue, il est complet et ne se dément jamais.

— Et perdre l’objet aimé, c’est affreux ! Que pourrions-nous faire pour aider ce parent affligé ?

— Pas grand’chose, je le crains, par les moyens terrestres. Tu t’es déjà adressé à qui pouvait te renseigner sur le sort de ton cousin. De ce que tu as recueilli, il ressort qu’une fois son second engagement terminé, Étienne s’est mis au service d’une des compagnies de la Baie d’Hudson. Et là, nous perdons ses traces.

Eustache soupira.

— Humainement parlant, dit-il, il est impossible de venir en aide à ce pauvre Étienne, je le vois bien.

— Restent toujours les grands moyens, mon ami, la prière, les aumônes, les bonnes œuvres. Avec cela, on peut atteindre ton parent, mort ou vivant, fit Jeanne songeuse.