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a été appliqué à Étienne, ils en ont tiré, eux, de grandes consolations.

Un soir, et précisément le dernier de l’année scolaire, Paul revint, du séminaire dans un état d’abattement complet. Ses yeux fiévreux où se lisait une douleur surhumaine semblaient demander grâce. En entrant chez lui, il monta droit à sa chambre, et, se laissant choir sur son lit, il éclata en sanglots convulsifs. Mais se levant aussitôt, hagard, il jeta dans un râle :

— Je ne veux pas… Je ne veux pas que ce soit vrai ! Oh je ne veux pas ! par pitié, Seigneur, épargnez-moi !

Madame Bordier était allée ce jour-là, comme elle le faisait souvent, prêter son concours à l’ouvroir de sa paroisse. Eustache, seul dans son cabinet de travail, crut entendre une plainte. Il ouvrit sa porte ; pas de doute ! Et la plainte venait de la chambre de son fils. Anxieux, n’y comprenant rien, il gravit vivement l’escalier et entra sans frapper dans l’appartement du jeune homme.

En voyant apparaître son père adoptif, Paul eut un mouvement de recul, et le rouge de la honte couvrit son front.

— Paul, mon petit, qu’est-ce que tu as ? s’écria Eustache effrayé.

Mais Paul, sombre maintenant, ne répondit pas. Il repassait pour la centième fois la scène qui l’avait ainsi affecté.

C’était à la récréation de l’après-midi. Les écoliers rendus turbulents par la perspective des vacances,