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se bousculaient en riant et ne se gênaient pas pour se talocher d’importance. Mais l’un d’eux, Gilles de Busqués, profitant de cette bataille joyeuse, appliqua sous l’apparence d’un geste amical, un formidable coup de poing à un élève qu’il détestait. L’autre devinant l’intention, répliqua, et une bataille en règle s’ensuivit. Voyant le pugilat devenir sérieux, Paul Bordier intervint, et entrant comme un coin entre les deux antagonistes, il les sépara, jetant Gilles par terre. Celui-ci se releva furieux, et devant les compagnons de Paul assemblés, il lança avec un air de suprême mépris :

— Toi, Bordier, tu devrais bien apprendre à te mêler de tes affaires.

— Allons, Gilles, ne te fâche pas, je ne voulais que vous séparer et non te jeter par terre. Dorval prend bien la chose, lui.

— Si je voulais, je pourrais te « coller » les épaules, répondit Gilles qui s’échauffait.

— Je t’en prie, Gilles, calme-toi, dit Paul conciliant. Tiens, faisons l’accord, ajouta-t-il en tendant la main.

Gilles n’avança pas la sienne. Mais dans les yeux de ses compagnons, il vit qu’on condamnait son manque de chevalerie. Alors, avec un désir de blesser celui qui involontairement l’humiliait, il s’écria, insolent :

— Oui, Bordier, je pourrais te faire baiser la terre si je le voulais, toutefois, je préférerais te jeter dans une crèche, tu y serais plus à l’aise, tu y retrouverais les souvenirs de ton enfance.