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dante d’une noble lignée, au bras d’un enfant naturel, je m’en console tout à fait.

— Monsieur, s’il vous reste quelque dignité, reconduisez-moi. Je ne crois pas qu’il existe d’être plus bas que vous !

— Oh oui, moi j’en ai rencontré et la bassesse de cette personne m’a prouvé que la légitimité d’un berceau n’apportait pas à celle qu’elle favorisait le monopole de la vertu. Depuis cette révélation, vous le dirais-je, ma condition d’homme taré se présente sous un angle nouveau, et supporte, à son avantage, la comparaison que je me fais maintenant entre elle et celle de ceux qui ne sont pas nés comme moi dans un ruisseau.

Puis faisant allusion à l’arbre généalogique de la jeune fille :

— Avez-vous remarqué, mademoiselle, que des arbres au tronc solide, aux racines vigoureuses, pourrissent souvent par le faîte ?

— Misérable et lâche ! fit-elle défaillante.

Il raffermit son étreinte.

— Oui, mais généreux. Et pour vous le prouver, je vais vous donner tout ce que j’ai de meilleur en moi. Oh, ne vous récriez pas : il y a des mollusques repoussants à la chair savoureuse. Je vous donne mon cœur, mademoiselle de Busques, mon cœur et son amour. Je vous aime malgré moi et en dépit de vous. Lorsque vous voudrez descendre de vos hauteurs, et venir dans la plaine que j’habite, je vous recevrai, car mon amour indestructible rend mes paroles irrévocables ; je vous aime et je suis à vous.