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Cette salle de danse somptueuse, ces lumières, ces fleurs, cette atmosphère de fête, n’est-ce pas un cadre digne pour les fiançailles ?

Et dans un rire qui résonna comme un sanglot :

— Jusqu’à nos paroles qui sont à l’unisson…

Reconduisant mademoiselle de Busques à sa place près du palmier, il s’inclina cérémonieux :

— D’autres danseurs vous réclament, mademoiselle, adieu…

Paul eut la force de passer impassible parmi la foule de gens qu’il rencontra, pour sortir de la salle du bal. Il échangea quelques mots avec celui-ci, celui-là. Le sourire aux lèvres, il salua les amis, mais une fois dehors, il héla un taxi, se jeta dans la voiture comme un fou, et ordonna au chauffeur de le reconduire chez lui.

Rendu dans sa chambre, cette force qu’il ne se connaissait pas, et qui l’avait soutenu pendant qu’il parlait à mademoiselle de Busques, l’abandonna, et une lassitude profonde envahit tout son être. Comme sept ans auparavant, il se laissa tomber sur son lit, mais sa douleur n’éclata pas bruyante : il n’avait même plus le courage de crier. Tout ce qu’il avait dit à mademoiselle de Busques bourdonnait dans sa tête ; et deux mots clairs accompagnaient les pulsations rapides de son cœur en tumulte : « Tu l’aimes ! »

Hélas, oui, il l’aimait de toute son âme, cette jeune fille dont la cruauté venait de le jeter dans la vie, désarmé. Oh, il aurait voulu arracher cet amour qui le torturait et l’humiliait, mais il était de cette race dont le cœur ne se reprend pas.