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Ayant mis sa lettre dans une enveloppe armoriée, elle l’adressa d’une main ferme. Puis déposant sa plume, elle resta un moment songeuse, ses yeux durcis posés sur cette enveloppe élégante, premier jalon d’un chemin bien périlleux, dans lequel elle avançait, sans hésitation, tête baissée.

Qui aurait dit à voir cette jeune fille, si belle dans son lamé d’argent sous la lumière bleue de l’abat-jour de sa lampe, qu’elle venait de décider froidement du malheur d’un homme.

Pour être certaine de ne pas revenir sur sa décision, Alix alla porter sa lettre avec celles de sa tante, dans le cabinet de travail de cette dernière. Elle savait que chaque matin, mademoiselle Eulalie, très ponctuellement, expédiait sa correspondance.

Revenue dans sa chambre, Alix se dévêtit lentement, éteignit sa lampe, et se coucha. Dormit-elle ? mystère de la nuit.

II

En dépouillant son courrier le lendemain, Paul Bordier, encore fiévreux, ne remarqua pas l’enveloppe au blason autrement que pour l’ouvrir. Mais en voyant la signature sur la lettre qu’elle contenait, il eut un recul. Que lui voulait Alix de Busques ?

— Je le saurai ce soir, dit-il fermement, ayant relu la missive.

Il se remit au travail, distrait, préoccupé, par l’appel de la jeune fille. Par moments il eut envie de refuser son invitation, car à quoi bon se revoir