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à nouveau, se dire des mots blessants ? Elle, si elle le voulait ; lui, il n’en avait ni le courage ni la force.

Disons-le, Paul eut honte de n’avoir pas su mieux se maîtriser au bal du Château ; il prit une solide résolution : on pourra l’injurier comme l’avait fait mademoiselle de Busques, il ne descendra plus au niveau des gens qui voudront le ravaler. Ce fut donc très maître de lui, qu’il se rendit chez mademoiselle de Busques à l’heure convenue.

Alix attendait son visiteur dans son salon particulier. En voyant entrer le jeune architecte, annoncé par un domestique, elle se leva, et sans trouble apparent lui désigna un siège.

— Prenez la peine de vous asseoir, monsieur.

— Merci mademoiselle. Je ne vois pas que notre entretien puisse durer assez longtemps pour cela. Allant droit au but, il ajouta :

— Vous m’avez fait demander, mademoiselle, pourquoi ?

— Pour éprouver la sincérité de certaines de vos paroles, monsieur.

Les jeunes gens étaient debout, se faisant face.

Paul poursuivit :

— Poussé par l’aiguillon des tourments causés par vos attaques, je vous ai dit des mots durs et blessants au bal du Château ; je vous en demande pardon. Sous l’influence de mon cœur, je vous ai dit des paroles que je ne retracte pas. S’il s’agit de celles-là, mettez-moi à l’épreuve.

Alix demeura un moment silencieuse.