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LA VIE DE FAMILLE

cette création particulière subsistent toujours ; en causant paisiblement sur le bateau à vapeur avec mes amis, nous développâmes mes pensées à cet égard, je répétai ce que j’avais dit contra cet édifice sans fondement. Channing n’avait aucune inquiétude sous ce rapport, parce qu’il croit que les lois les plus profondes de la méditation et de la vie se développent nécessairement quand la nature humaine abandonnée à elle-même s’éprouve et s’essaye. « Ce que vous demandez, dit-il, ne manquera pas de pénétrer dans le Phalanstère par une voie nouvelle et encore plus convaincante. » Je pense, comme Channing, que cela doit arriver, car la nature humaine possède en elle la semence de la vie éternelle et la développe sans cesse. Toutes les religions et les philosophies historiques, toutes les associations religieuses, etc., etc., en rendent témoignage. Mais je continue à demander aux socialistes : « Pourquoi ne pas accepter le travail déjà fait et ne pas le continuer ? Pourquoi ne pas adopter la pensée universelle de l’espèce humaine sur la vie et son but ? Pourquoi s’efforcer de recommencer ce qui est fait ? C’est perdre son temps et des forces qu’on pourrait mieux employer. » Il y a peut-être ici quelque chose de neuf que je ne distingue pas bien encore, un nouveau principe de commencement. Mais je vois clairement, en attendant, que les autres n’y voient pas plus clair que moi. Ils marchent « en tâtonnant, » guidés peut-être par un instinct « clairvoyant. » Je reviendrai à cet établissement et sur ce sujet.

Ce phalanstère est pour l’instant le seul qu’on trouve aux États-Unis. Il y en a eu bien d’autres ; tous ont fait naufrage, vu la difficulté d’intéresser tous les membres à leur conservation et à obtenir d’eux une coopération persévérante en faveur de l’idée et de la vie en commun de