Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
LA VIE DE FAMILLE

femme et de deux enfants, il persévéra dans sa résolution, pensant probablement comme le vieux patriarche, si ferme dans sa foi en obéissant à l’ordre du Très-Haut : « Le Seigneur enverra la victime. » — C’est ce que fit le Seigneur par ses envoyés.

Marcus et plusieurs de ses amis écrivirent à Channing à peu près ceci : « Venez vers nous, soyez notre maître et notre guide spirituel, mais en toute liberté. Suivez vos inspirations, parlez, prêchez, quand et comme vous le voudrez. Répandez la semence de la vie éternelle à votre gré. Nous chercherons ensemble à assurer votre subsistance terrestre. Vivez sans inquiétude, soyez heureux à votre manière. Apprenez-nous comment nous devons vivre et agir ; nos maisons et nos cœurs vous sont ouverts. » La réponse de Channing à cette proposition rend témoignage de la noblesse et de la gravité de son cœur. Il vint, et depuis lors il a vécu en conformité avec l’offre qu’on lui avait faite, allant dans les prisons, assistant aux fêtes et aux réunions religieuses ou sociales, ou bien encore parlant sur les questions sociales à New-York, à Boston et autres villes, en obéissant a ses inspirations. Par sa belle nature si richement douée, il réveillait les âmes, réchauffait les cœurs, faisait connaître une vie plus haute dans tous les lieux où il se présentait, et répandait la semence de la vie éternelle. Channing vient chez ses amis quand il le veut, souvent à l’improviste ; ils l’attendent toujours avec impatience et l’accueillent avec chaleur. Une chambre de leur maison est constamment prête à le recevoir. Marcus a un tel respect pour les dons et l’activité idéale de Channing, tant de dévouement pour lui, qu’il éprouve même du plaisir à lui servir de domestique, en portant sa valise, en faisant un travail grossier à son intention. Rebecca et