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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

nes, ils arrivent sans cesse à leur insu. Anna Lynch est de ce nombre.

Je me distinguais « comme fleuriste. » Ayant reçu ce jour-là une grande quantité de fleurs, je pus offrir un bouquet à chaque femme de la société. Cette distribution de fleurs m’amuse infiniment et me donne l’occasion de faire plaisir (ou du moins de le croire) à beaucoup de personnes. C’est à peu près la seule chose que je puisse donner ici en échange de toutes les gracieusetés dont je suis l’objet.

Parmi les invités de cette soirée, une femme aimable, madame Osgood (l’un des meilleurs poëtes des États du Nord), est restée plus particulièrement présente à ma pensée par ses beaux yeux expressifs, sa manière d’être et de parler pleine d’âme, et aussi parce qu’elle m’a donné son éventail, « afin, dit elle, qu’il vous rappelle Fanny. » Toutes les femmes ici se servent d’éventails, et les font manœuvrer à ravir ; je n’en avais pas encore. Je me souviens aussi d’un homme aux yeux magnifiques, aux manières ouvertes et cordiales, avec lequel j’aurais désiré causer davantage. C’est l’un des plus célèbres prédicateurs de New-York ; il est de l’Église épiscopale, et se nomme Hawk. Cette soirée en société est la plus agréable que j’aie passée à New-York.

Plus tard.

Je suis allée à l’église avec madame Kirkland, et j’ai entendu — le meilleur sermon qui ait jamais été prononcé devant moi. Pas d’esprit étroit ni d’esprit de secte sous le rapport de la religion, de la vie ; l’église, — véritable cathédrale, — s’y arrondissait au-dessus de la vie, comme le dôme du ciel au-dessus de la terre et de toutes les créatures ;