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LA VIE DE FAMILLE

déesse de la santé. Dans sa postérité est né Hippocrate. Nous parlons encore d’Hygie, mais c’est tout. Invitons-la à revenir sur la terre, qu’on lui donne le droit d’y être comme femme et comme prêtresse, si nous voulons qu’elle nous donne un nouvel Hippocrate.

Mais revenons à mon petit docteur : il ne manque pas de l’étincelle divine qui lui donne le droit d’être membre de la famille des Asclépiade. On voit cette étincelle dans son regard, on l’aperçoit souvent dans ses paroles. J’ai vu chez elle plusieurs femmes « émancipées, » c’est-à-dire qui font des cours speciaux et parlent en public dans les réunions d’abolitionnistes. L’une d’elles m’a frappée par la beauté pittoresque de sa taille, de sa tête au visage pâle et noble, de sa riche chevelure d’or, par la parfaite douceur féminine de sa personne et de ses discours, par la force virile de sa volonté et de sa conviction. C’était madame Pauline Davis, de Providence. Elle a fait pendant plusieurs années, et avec grand succès, des cours publics sur la physiologie ; ils étaient fort suivis par les classes ouvrières. Elle et mon petit docteur sont de chaudes amies. J’ai vu aussi son mari, qui paraît être un penseur et parfaitement d’accord avec sa femme. J’ai promis de visiter ces époux à Providence. On m’a raconté diverses choses sur la secte des trembleurs et leur société. Mademoiselle Hunt, qui est le médecin d’un ou deux trembleurs, m’a lu des lettres écrites par quelques-uns de leurs « anciens. » Elles sont remplies de belles et pieuses pensées, d’expansion, mais renfermées dans un cercle étroit. On m’a invitée aussi à visiter la paroisse des trembleurs près de Boston, à Haward, où se trouvent des jardins consacrés à la culture des plantes médicinales. Je verrai volontiers de près cette singulière espèce d’hommes. J’ai vu égale-