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LA VIE DE FAMILLE

sées ? Pour un grand cœur, cet ami doit être un étranger sous bien des rapports, afin qu’il puisse s’en approcher sur le terrain le plus saint. Laissez les garçons et les jeunes filles considérer un ami comme une propriété, et jouir d’un plaisir court et troublé au lieu du plus noble avantage.

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« Un ami est une personne avec laquelle je puis être vrai et penser tout haut. Je me trouve enfin devant un homme tellement vrai, tellement mon semblable, que je puis rejeter même les plus simples apparences de politesse, de forme et d’égards, en faire ma société avec la simplicité et le tout d’un atome chimique qui en rencontre un autre.

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« Achetons notre entrée dans cette communauté par une longue épreuve. Pourquoi profaner des âmes nobles et belles en voulant y pénétrer de force ? Pourquoi demander à avoir des rapports personnels hâtifs avec un ami ? Pourquoi aller vers sa maison, on connaître sa mère, ses frères et sœurs ? Pourquoi exiger qu’il visite votre demeure ?

« Toutes ces choses sont-elles importantes dans une alliance ? Rejetons-les. Que mon ami soit pour moi un esprit. Je ne lui demande qu’un message, une pensée, un acte de sincérité, un regard, mais pas de nouvelles ni de soupe. La politique, les bavardages, le nécessaire, je puis les obtenir à bon marché de mes connaissances. La société de mon ami ne doit-elle pas me paraître poétique, pure, universelle et grande comme la nature ? N’abaissons pas, mais élevons la règle.

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« Aime la supériorité de ton ami ; fais attention à lui comme à un adversaire. Qu’il soit pour toi une sorte d’en-