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LA VIE DE FAMILLE

religieuses se ressentent de l’influence de la confession puritaine. « Vis comme il t’est enseigné ; que ta conduite rende témoignage de l’Église à laquelle tu appartiens. » La forme de gouvernement qui organisa la petite société de la Fleur-de-Mai est devenue le principe vital de tous les États composant l’Union américaine. Sur les rivages de l’Océan Pacifique, elle subjugue et organise avec une puissance calme les bandes sauvages et libres de la Californie, leur apprend à la fois à se gouverner elles-mêmes et a obéir à la loi.

La vieille colonie a envoyé dans toutes les parties de l’Union des fils et des filles de pèlerins ; ils forment actuellement plus d’un tiers de la population de l’Amérique du Nord.

Si je considère la société puritaine telle qu’elle se présente de nos jours, deux siècles environ après sa première apparition dans le Nouveau-Monde, deux forces motrices me semblent tout dominer : l’une la réalisation des idéalités de la vie ; la seconde, le désir de conquérir la terre, c’est-à-dire de mettre toutes ses forces et ses produits au service de l’homme.

Celui du Nouveau-Monde (surtout de la Nouvelle-Angleterre, appelé en style humoriste Yankee) veut acquérir ; c’est pourquoi il ne redoute pas le travail, même le plus grossier, ni la peine. Faire le tour de la moitié du globe en vue d’une bonne affaire, lui semble peu de chose ; le caractère pirate de sa nature (qu’il a peut-être hérité des pirates scandinaves) le force continuellement à agir, entreprendre et mettre à exécution tout ce qui peut contribuer à son bien-être ou à celui des autres. Lorsqu’il a amélioré sa position, il songe (s’il ne l’a pas fait auparavant) à faire fructifier son talent pour l’intérêt général ; il acquiert,