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LA VIE DE FAMILLE

Et jamais, sans doute, la bénédiction de Dieu n’a reposé d’une manière plus visible sur un homme. Quelles sont fraîches et complètes les expressions de sa joie et de sa reconnaissance à mesure qu’il vieillit ! Ne semble-t-il pas rajeunir, et devenir plus heureux avec les années ? Il se reproche de tant jouir, de se sentir si heureux dans le monde où tant de gens souffrent ! mais ce n’est pas sa faute. Ses amis, la nature, la source invisible d’amour et de reconnaissance qui devient de plus en plus abondante dans son âme, — tout se réunit pour embellir sa vie. Son horizon s’étend toujours davantage ; à mesure que sa santé décroît, sa foi et son espérance en Dieu et dans les hommes, augmentent ainsi que son amour pour la vie, la grande et magnifique vie !

C’est dans sa vieillesse qu’il écrit à son sujet :

« Les liens de notre amitié deviennent de plus en plus suaves pour moi. Il me semble parfois que je n’ai rien compris à la vie humaine avant ces derniers temps ; — mais il en est toujours ainsi. Nous nous réveillerons et nous verrons les choses merveilleuses et belles que nous n’avions vues jusque-là qu’avec des yeux voilés, et nous trouverons une création nouvelle sans faire un pas en dehors de nos vieilles demeures. »

Souvent il parle de la manière dont il jouit de la vie dans sa vieillesse. Quelqu’un lui ayant demandé un jour quel âge lui paraissait le plus heureux, il répondit en souriant : « Ce doit être vers la soixantaine. »

Durant la maladie qui mit fin à ses jours par l’épuisement, sa vie intérieure semblait avoir augmenté de force et de grandeur ; il s’informait avec l’intérêt le plus cordial des affaires des personnes qui l’entouraient ; chaque créature humaine paraissait lui devenir plus chère, plus