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LA VIE DE FAMILLE

Lindblad ? » demandai-je à mon tour[1]. « Est-ce que je ne le connais pas ? répliqua Fanny d’un air de reine et comme blessée ; est-ce que je ne connais pas ses belles compositions ? » Et elle cita plusieurs des chants si remarquables de Lindblad par leurs noms, en ajoutant qu’elle les chantait.

Je ne puis en écrire davantage cette fois, et vais faire la révérence, à Boston, à Bunkerhill, monument achevé, dit-on, par le travail des femmes ; et puis au Sud, au Sud !

LETTRE XI


New-York, 2 mars 1850.

Combien j’en veux, mon Agathe, à cette glace perfide qui t’a fait tomber si malheureusement ! Mais Dieu soit loué de ce que tu es mieux, de ce que le printemps approche, ainsi que la saison des bains de Marstrand, que tu comptes prendre ! Si le cœur et la volonté pouvaient donner des ailes, je serais maintenant dans ta chambre pour te servir d’appui et de canne, tu le sais.

Grace à mon bon et soigneux médecin, mes forces et ma santé vont passablement ; mais je ne puis compter sur leur stabilité. J’espère cependant redevenir moi complétement. Mon soleil a été parfois si totalement éclipsé, que j’ai craint d’être obligé de retourner en Europe sans avoir atteint le but de mon voyage en Amérique, et que, malgré ma force et mon élasticité, il me serait impossible de supporter ce climat. Le mal dont j’ai souffert et souffre encore

  1. Compositeur suédois des plus remarquables. (Trad.)