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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

de ce pays, bien entendu, rendent témoignage d’un bon goût et comfort aristocratique. La maison est entourée d’un parc ou grand jardin ; on y trouve ce qu’il y a de plus beau dans le pays en fait d’arbres, de buissons et de plantes, le tout planté par M. Poinsett, d’après le plan de Downing. Ici, comme sous les toits couverts de neige de Concord, j’ai la satisfaction d’entendre dire : « M. Downing a fait beaucoup pour le pays ; il a développé le goût et le sentiment du beau sous le rapport des constructions, de la culture des jardins, et en général des établissements à la campagne. » Un avantage de l’Amérique du Nord, c’est que les arbres, les buissons de toutes les autres parties du monde, peuvent y être transportés, naturalisés, y croître ; et parmi les végétaux qui entourent Casa Bianca il y en a beaucoup des régions étrangères. Je préfère cependant les grands chênes verts avec leurs longues lianes pendantes. Il y en a deux magnifiques exemplaires devant la maison, au bord de la Péedée ; ils forment avec leurs branches un immense portique par lequel on voit la rivière et la campagne sur la rive opposée, — avec ses graves, ses grands magnolias vert foncé.

Devant une fenêtre (j’habite l’étage supérieur de la maison) est un Cornus Florida, dont la couronne ressemble maintenant à une masse de fleurs blanches comme la neige, et le matin de bonne heure je vois le merle et l’entends chanter au sommet de cet arbre. Ensuite il y a ici l’Olea Fraganse du Pérou au suave parfum, et divers autres arbres et buissons rares. Dans leur feuillage chante, en outre du merle, le moqueur, et une foule d’oiseaux gazouillent en faisant leurs nids dans les grands chênes verts. Madame Poinsett ne veut pas qu’ils soient troublés, et chaque matin, après le déjeuner, de petits moineaux francs,