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LA VIE DE FAMILLE

était solitaire et silencieux sur la rivière et ses bords comme dans un désert. Cependant il y a eu, sur les rives du Waccamaw, une grande noce à laquelle tous les voisins avaient été invités. Mais, soit que mes hôtes ne fassent point partie de cette société, soit ma réputation d’abolitioniste, je n’ai pas été invitée. J’aime voir des mariées et des noces, mais j’aime encore mieux mon repos. Lorsque je revins de ma promenade sur l’eau, madame Poinsett fut toute réjouie de me voir en vie, et son mari me dit le nom des fleurs que j’avais cueillies. L’une d’elles était le magnolia glauca, fleur blanche qui ressemble un peu à nos lis aquatiques ; mais elle croît sur un arbre an feuillage grisâtre. La fleur de luxe du Sud, le magnolia grandiflora, ne se montre qu’à la fin de mai.

Je partirai d’ici dans un jour ou deux pour retourner à Charleston. Mes hôtes me prient de rester, mais j’ai impatience d’arriver à Savannah avant que la chaleur soit trop forte. Il faut me hâter. Je me suis fort bien trouvée ici, et j’ai retiré beaucoup de fruit de la conversation de M. Poinsett. Je connais maintenant la vie dans les plantations, à peu près comment vivent les nègres et comment on sème le riz et le maïs.




Charleston, 26 avril.

Me voici de retour chez madame Howland. Le voyage sur mer entre Georgetown et Charleston s’est bien passé ; seulement il faisait très-froid. M. Poinsett a eu l’obligeance de me conduire à Georgetown ; les nuages étaient menaçants,