Clay et Webster ont formé pendant longtemps un triumvirat célèbre des plus grands hommes politiques du pays. Calhoun était le grand homme du Sud, Clay celui des États de l’Est et du Centre, Webster des États de la Nouvelle-Angleterre, quoiqu’il y eût là une grande opposition contre lui, surtout dans le parti des abolitionistes. Tous trois ont été des lutteurs politiques puissants, admirés, craints, aimés et haïs. Deux le sont encore. Le troisième est tombé sur le champ de bataille, en combattant jusqu’à la fin, et même contre cette dernière, à ce qu’il paraît ; ses portraits et ses bustes, dont j’ai vu un grand nombre, m’ont fait l’impression d’un volcan brûlant. Ses cheveux sont droits sur leur racine, ses yeux enfoncés flambent, les tempêtes ont sillonné son visage maigre et anguleux. Il est impossible, à voir cet extérieur que la passion et la maladie semblent avoir dévasté également, de pressentir en lui l’homme de société séduisant, le père de famille plein d’amour et d’une pureté de mœurs féminine, l’ami parfait, le bon maître, presque adoré par ses esclaves et ses serviteurs, en un mot — l’homme auquel même ses ennemis reconnaissent toutes ces qualités. L’ambition politique et l’esprit de parti paraissent avoir été ses démons et avoir hâté sa mort. Clay, dans son discours sur Calhoun, prononcé dans le Sénat, y fait quelques allusions mitigées. Sa lutte en faveur de l’esclavage a été — « une bravade politique, » a dit une femme d’esprit qui n’est pas abolitioniste. Il est fâcheux qu’un homme aussi bon ait vécu et soit mort pour une si mauvaise cause.
L’idolâtrie pour Calhoun a été poussée à l’excès dans la Caroline du Sud, et on a dit en plaisantant : « Lorsque Calhoun prend du tabac, toute la Caroline éternue. » Maintenant encore, on parle de lui et on écrit sur lui comme