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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

ces prières me semblent un peu longues. Les deux filles ainées sont jolies, agréables et chantent mieux que ne le font d’ordinaire les femmes de ce pays. Un chagrin silencieux repose encore sur cette famille qui vient de perdre une fille, une sœur chérie. Cette mort a surtout frappé le cœur maternel. La maison est au milieu d’un grand jardin qui contient une foule de belles plantes rares, et le moqueur chante tous les matins devant mes fenêtres. Il est fort amusant à écouter, mais plus bizarre que ravissant.

Il y a plusieurs choses de la vie de famille américaine que je voudrais voir plus généralement établies dans nos foyers suédois ; entre autres la prière en commun, et la simple prière avant le repas, que récite le père ou la mère de famille : « O mon Dieu ! bénissez ces dons que vous nous donnez afin qu’ils nous profitent et nous rendent propres à vous servir. » Chez nous, c’est ordinairement le plus jeune enfant qui récite la prière avant le repas, quand elle est prononcée à haute voix. C’est bien aussi ; mais il est rare qu’elle soit dite alors dans son véritable esprit. Souvent elle se borne à un salut silencieux pendant lequel on ne pense à rien, sinon au dîner.

Mais je préfère, sous d’autres rapports, nos usages de table à ceux des Américains. Chez nous, on peut se livrer à la conversation et ne songer aux mets que pour les manger. Le service se fait silencieusement par les serviteurs et dans l’ordre prescrit. Sur un signe de la maîtresse de maison, on offre une seconde fois, toujours en silence ; les mets sont présentés aux invités au moment donné, puis on vous laisse en repos. Il en est autrement ici. On questionne et offre continuellement ; en y ajoutant la nécessité de choisir et de répondre, il est impossible de jouir du repas et encore moins de la conversation. Il n’est pas permis non