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LA VIE DE FAMILLE

tous les serviteurs sont des nègres négligents et peu propres de leur nature. Aussi ai-je admiré les maîtresses de maison que j’y ai vues.

Je voudrais, d’un autre côté, que les jeunes filles fussent un peu plus actives dans l’intérieur du foyer ; qu’elles vinssent en aide à leurs mères. Mais ce n’est pas l’usage, et, par une tendresse mal entendue, les parents ne veulent pas que leurs filles fassent autre chose que s’amuser, jouir de la liberté et de la vie autant que possible. Elles seraient plus heureuses, je crois, si elles savaient se rendre plus utiles. Les rapports de famille entre parents et enfants me semblent en général fort beaux, surtout du côté des parents. Chez la femme américaine, le sentiment de la maternité est inné, surtout pour ce qui se rapporte à sa cordialité, son intimité ; et je n’ai vu nulle part des pères de famille meilleurs et plus tendres que les Américains. Ils ont surtout une ravissante faiblesse pour leurs filles : que Dieu les bénisse pour cela ! et j’espère que leurs filles sauront le reconnaître complétement.

Il faut que je vous quitte maintenant pour aller avec la famille Munroe visiter quelques tombeaux indiens, sorte de tumulus gigantesques maintenant couverts d’arbres. Ce sont les seuls souvenirs qui restent des premiers habitants du pays, en outre des noms qu’ils ont donnés aux rivières, aux montagnes, et que l’on a presque tous conservés, car ils sont symboliques et le plus souvent harmonieux. Il n’y a pas plus de vingt ans que les dernières tribus indiennes de la Géorgie en ont été chassées à main armée ; cette scène m’a été racontée par un témoin oculaire. Un matin elles furent obligées d’abandonner leurs tentes, leurs foyers fumants, leurs tombeaux : hommes, femmes, enfants, tous furent chassés comme un troupeau sans défense ; ils rem-