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LA VIE DE FAMILLE

son nom servait à exprimer la plus grande bienveillance de l’âme.

Après la mort d’Oglethorpe, plusieurs de ses nobles lois furent abrogées ; les boissons fortes pénétrèrent dans la Géorgie, et il en fut insensiblement de même pour les esclaves noirs. Mais l’esprit de liberté et de piété, qui était la vie de la vie d’Oglethorpe, et qui anima les premiers colons, vit encore dans la Géorgie. Je le vois, l’entends, le sens. L’émigration des États du Nord et surtout celle des États de la Nouvelle-Angleterre, se porte de plus en plus de ce côté et influe sur le peuple et les institutions. On s’en aperçoit à la vie plus libre, plus heureuse des nègres de Savannah, ainsi qu’à la permission qu’ils ont d’avoir leurs églises particulières, de prêcher eux-mêmes. On s’occupe beaucoup aussi dans la Géorgie de l’instruction des esclaves noirs sous le rapport religieux et sous celui de leur émancipation et colonisation à Libéria sur la côte d’Afrique. Un navire s’y rend tous les ans de Savannah, avec des colons noirs affranchis, pourvu de vivres, d’argent et d’ustensiles de ménage. J’ai lu quelques lettres écrites de Libéria, par les émigrants noirs ; elles prouvent les bons rapports dans lesquels ils sont avec la métropole et plusieurs de ses habitants, surtout par les liens religieux. Car ici chaque secte soutient ses coreligionnaires de la côte d’Afrique ; la colonie de Libéria est, du reste, dirigée par des fonctionnaires et des prêtres noirs.




Plus je vois de nègres, plus ils excitent ma curiosité et mon intérêt. Non pas que je voie en eux quelque chose de