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LA VIE DE FAMILLE

porter à notre professeur Sundevall. Il m’a donné aussi un nid de colibri, qui est la plus mignonne petite chose du monde, construit avec des brins d’herbe fine et des bouts de papier.

Le professeur F. m’a invitée à une noce de nègres dont il faisait les frais en faveur de deux esclaves de sa maison. Les mariés étaient jeunes et fort bien, surtout l’un des mariés, nègre noir comme la nuit et dont son maître louait la perfection sous le rapport du caractère et de l’intelligence. L’une des mariées (non pas la fiancée de ce nègre) était une véritable beauté. Les deux négresses portaient des robes blanches, avaient des guirlandes de fleurs. Le prêtre arriva au milieu des noirs, se plaça devant les époux et les maria assez lestement. Bientôt après, les danses commencèrent dans la même pièce ; nègres et négresses valsèrent, les femmes habillées et parées avec gaze et fleurs, absolument comme nos dames, avec cette différence cependant qu’elles avaient beaucoup plus de clinquant et infiniment moins de grâce ; cette parure empruntée ou inusitée leur allait mieux pourtant que je ne l’aurais cru. Pendant que la compagnie noire dansait avec animation, la compagnie blanche allait voir la table de noce agréablement servie et ornée de fleurs, de gâteaux, elle paraissait prête à se rompre sous le poids d’une surabondance de mets.

J’ai fait la connaissance, chez le professeur allemand Lieber, d’un écrivain de talent qui est en même temps un homme bienveillant. Du reste, je n’ai rien trouvé de remarquable ici, excepté une masse de colonels. De deux hommes riches, l’un au moins (planteur ou l’ayant été) est appelé colonel, sans cependant avoir été militaire. Ayant manifesté ma surprise à cet égard, on me dit qu’à l’épo-