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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

naire, James W. Miles, intitulé « Théologie philosophique, ou Origine des croyances religieuses basées sur la raison, » petit livre par son format, grand par son contenu, écrit avec la clarté et la précision anglaises, sans aucune prolixité allemande. Ce livre se rapproche beaucoup de « l’Autonomie » de Martensen, et je m’en réjouis, parce qu’il prouve que les lois de la pensée se développent chez l’espèce humaine d’après une nécessité intérieure, indépendante des rapports dus au hasard. Les vérités, les découvertes, n’émigrent pas d’un pays dans l’autre. Chez tous les peuples parvenus à un point de civilisation à peu près égal surgissent les mêmes phénomènes, les mêmes aperçus. Ainsi un homme jeune, solitaire, misanthrope, mais penseur profond, est arrivé au même point, aux mêmes résultats que nos théologiens philosophiques scandinaves les plus éminents, sans savoir qu’ils existent, sans connaître la source où ils ont puisé la nouvelle vie de la pensée. Un exemple dont Miles se sert dans son livre pour faire comprendre le rapport qu’il y a entre la raison subjective et la raison objective m’a frappée. Comment des esprits séparés, dans des relations et des pays différents, sont-ils arrivés à avoir la même pensée ? Car je me suis servie plusieurs fois moi-même de cet exemple, que je regardais comme une découverte à moi appartenant, et dont je tirais un peu de vanité. Mais j’éprouve bien plus de satisfaction à la voir briller aussi devant une autre âme. Cet exemple, c’est le rapport qui existait entre le célèbre Le Verrier et l’étoile dont ses calculs ont découvert et constaté l’existence. L’étoile existait, agissait ; la pensée humaine existait, observait. L’étoile attirait, l’homme suivait, et — il a fini par trouver l’étoile. La lumière et le regard se sont rencontrés. Tous les yeux peuvent voir maintenant cette