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DANS LE NOUVEAU-MONDE.
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paisiblement romantique, je le vois et le sens — non pas seulement en dehors de moi. L’été indien avec sa vie mystique, son voile étendu sur les forêts et les montagnes dorées, — vit dans mon âme. En regardant le nature, je lui demande : « Est-ce moi qui vis en toi, ou toi qui réveille cette vie en moi ? »

Ces jolies petites maisons bien bâties avec leurs vergers et leurs parcs enchâssés comme des perles dans les cadres vert émeraude du rivage, contiennent abondamment, sans doute, ce qu’il y a de meilleur dans la vie du nouveau monde ! Qu’elle semble belle et parfaite ici la vie privée incrustée dans la vie publique, et combien je me félicite de connaître quelques-uns des petits foyers des bords de la grande et magnifique rivière ! Tout près de la villa de Downing est une jolie campagne habitée par quatre sœurs non mariées. Leur bon frère, enrichi par le commerce, a bâti cette maison et acheté les terres à l’entour pour ses sœurs. Quelques années plus tard, ce frère, atteint par le malheur, perdit tout ce qu’il possédait. Ses sœurs élèvent maintenant ses enfants et il demeure chez elles. Ce sont des femmes aux manières simples, bonnes, agréables, qui savent parler avec gravité et en badinant. Plus loin, sur le bord opposé, un tuilier s’est bâti une jolie villa. Ce digne homme (il en a tout l’air) est venu ici une couple de fois pour me donner des fleurs et m’inviter à venir chez lui. Downing a attiré mon attention sur une jolie petite maison à volets verts et jardin du voisinage. « Elle appartient m’a-t-il dit, à un homme qui, pendant le jour, conduit sa charrette chargée de pierres et de gravier destinés à la route. » C’est l’avantage que le travailleur du Nouveau-Monde a sur l’ancien. Il peut ici, moyennant le travail grossier des mains, parvenir plus rapidement au bonheur