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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/106

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LA VIE DE FAMILLE

sur le bord de la Potomac. Lorsque je contemplai de là, avec le général Shield, cette vaste perspective et les rives de la Potomac parsemés de villages, d’églises, de villas avec leurs parcs, il s’écria en les indiquant du doigt : « Regardez ! voilà l’Amérique ! » Et, en effet, c’est cela.

On ne voit pas la véritable vie du Nouveau-Monde dans les grandes villes, avec leurs édifices, leurs rues sales, mais dans la richesse des petites sociétés, des jolies habitations particulières entourées de champs et de bois, au sein d’une grande nature, sur les bords frais des rivières, avec leurs montagnes, leurs forêts et tous les moyens de jouir d’une vie pleine et vigoureuse. Font partie de cette plénitude et vigueur de la vie, les grandes rivières, les nombreux cours d’eau dont l’Amérique du Nord est si richement pourvue, auxquels elle doit son avancement moral et physique, qui rapprochent tous les points de l’Union et les mettent facilement en rapport les uns avec les autres. La circulation de la vie et de la population des États-Unis est déjà considérable, elle s’accroît chaque jour par l’intermédiaire de bateaux à vapeur et de chemins de fer nouveaux. Le Nord va au Sud et le Sud au Nord, comme la navette du tisserand, soit pour affaires, soit à cause du climat. Les habitants du Nord aiment, pendant les mois d’hiver, à se réchauffer aux vents d’été, à cueillir des fleurs dans la Caroline, la Floride, à Cuba, qui est encore en dehors de l’Union politique. Les habitants du Sud fuient leurs étés éternels, énervants, des mois de mai, juin, juillet, août, septembre, et cherchant à se ranimer près des lacs frais du Massachusett, du New-York, ou dans les « Montagnes-Blanches » de l’État de Granit. Le nord et le sud de l’Union ne peuvent se passer l’un de l’autre, ne peuvent être séparés, sans que le sang vital de l’État ne s’arrête et ne mette ainsi