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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

continua à me raconter d’un ton sentencieux l’affaire qui l’avait amenée. Cette petite dame était grave, importante de part en part, mais ne ressemblant guère, je crois, à son ancêtre le vieux pèlerin.

Le professeur Johnson est de retour. À la réception de la lettre annonçant sa prochaine arrivée, sa femme fit un bond de joie, moi aussi par sympathie et de plaisir, car j’allais revoir un de ces bons ménages dont j’avais déjà rencontré un grand nombre dans le Nouveau-Monde. L’époux attendu arriva le lendemain ; c’est une nature large, bienveillante, joviale, bonne, qui ajoute beaucoup par sa présence à la richesse et à l’agrément de la maison, même relativement à moi. M. Johnson me fait la lecture à haute voix l’après-midi et le soir, pendant les heures où parfois je suis libre, ou bien lorsque, le temps étant pluvieux (il l’a été pendant une couple de jours), nous empêche de sortir. M. Johnson m’a lu ainsi l’admirable biographie du président Adam de Governeur-Seward ; elle m’a surtout frappée par la noblesse de caractère que cet homme d’État respectable a montrée dans une lutte contre l’esclavage. Un grand homme politique de ce pays doit être en même temps un sage et un héros pour atteindre la hauteur voulue.

Je passe presque toutes mes matinées au Capitole et en général au Sénat. L’après-dîner, des sénateurs de mes amis me conduisent en voiture dans différents endroits des environs. Le soir, je reçois des visites à la maison. Durant une promenade avec Governeur-Seward, il m’a raconté la circonstance de sa vie à laquelle il est redevable de son horreur inextinguible pour l’esclavage, et de son opposition inébranlable contre cette institution. Hier, je suis allée en voiture avec le sénateur de l’Illinois et mademoiselle Lynch, voir un vieux champ de bataille, maintenant cimetière,