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LA VIE DE FAMILLE

autrement. Les beaux exemples de dignité et de grâce féminine que j’ai vus ici ne contredisent pas cette pensée. Ce n’est point la faute des femmes, mais de leur éducation ; elle s’est améliorée, c’est vrai, mais sans leur donner de notions meilleures, plus élevées du monde et de la société. Généralement parlant, les hommes me semblent, en Amérique, supérieurs aux femmes, sous le rapport de la culture de l’esprit et du savoir-vivre. Il n’y a rien d’étonnant en ceci, car l’Américain, lors même qu’il n’aurait pu acquérir qu’une faible instruction scolastique, entre de bonne heure dans la grande école de la vie civile. Elle lui fait produire d’une manière variée tous les dons qu’il tient de la nature sous le rapport de la force et de l’activité de l’intelligence. Il se familiarise dès ses jeunes années avec les différentes carrières de la vie ; quand même le temps lui manquerait pour en approfondir quelques-unes, aucun de leurs points cardinaux ne lui sont étrangers s’ils se rapportent au bien-être de l’humanité, à la santé de la vie sociale. Pour la vie pratique, il acquiert en outre des connaissances locales et spéciales ; d’où il résulte qu’on apprend toujours quelque chose en causant avec un homme de ce pays ; si la nature a répandu en lui la semence d’une humanité plus haute, on voit surgir d’eux-mêmes ces beaux exemplaires masculins qui parent la terre d’hommes assez rapprochés de la perfection. J’en connais plusieurs parmi ceux qu’on désigne comme « s’étant faits eux-mêmes. »

Le 21 juillet.

Je suis allée aujourd’hui dans une église méthodiste des nègres libres. Le prédicateur, jeune noir (je l’ai vu remplir les fonctions de commis dans une boutique de la ville),