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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

bonjour. Je suis dans la famille du général Stuart, ainsi que mademoiselle Dix, en route, elle et moi, pour Philadelphia. Mon hôte est un militaire vif, cordial, poli, causeur ; sa femme est belle, douce, la mère heureuse de dix jeunes enfants. C’est évidemment un couple, un intérieur bon et heureux ! Je sens cela dès que j’entre dans une maison.

Après nous être adressé un adieu des plus amicals, mes excellents hôtes de Washington, mon amie quakeresse et moi, je suis partie, ainsi que mademoiselle Dix, accompagnées par un ami de Downing, M. Williams Russell. Mais cette journée de voyage a été pénible et fatigante, par suite de la chaleur et des nombreux changements dans les moyens de transport, nécessités par les rivières qui coupent les routes. La Susquehanna m’a offert de beaux points de vue. Assez avant dans la soirée, je me suis assise seule avec mademoiselle Dix, et par le plus magnifique temps du monde, sur le balcon de la villa du général ; je baissais mes regards vers l’étincelante rivière et la vaste baie de Chesapeak, en écoutant le récit des événements si simples et cependant si remarquables de la vie de ma compagne. Parmi les scènes variées de mon séjour sur ce continent, celle-ci n’était pas une des moins intéressantes.

J’avais prié mademoiselle Dix de me raconter comment elle avait pris la voie qu’elle suit encore maintenant, en protectrice et médiatrice des malheureux. Je t’en dirai davantage lorsque nous nous reverrons ; je me borne aujourd’hui à la réponse qu’elle fit à ma question. « Ce n’est pas un événement, une révolution remarquable dans ma vie intérieure ou extérieure, mais un acte de simple obédience envers la voix de Dieu qui m’appelait. J’arrivais d’Angleterre, où j’étais allée pour ma santé, après avoir été obligée de tenir une école pendant plusieurs années en vue de