vous êtes senti plus heureux étant homme libre que lorsque vous étiez esclave dans la maison de mes parents.
— Mame, dit le vieillard avec solennité et en se redressant dans son lit, vos parents me maîtres ont toujours été bons pour moi, et dans leur maison j’ai ignoré ce qu’était la misère. Homme libre et surtout dans ma vieillesse, j’ai eu beaucoup de mal. J’ai souffert la faim, le froid ; j’ai travaillé par la pluie, la neige, l’ouragan ; et cependant, Mame, j’ai tout enduré avec courage parce que j’étais libre, et l’endurerais volontiers de nouveau, uniquement pour conserver la liberté, être mon maître, car la liberté a été mon plus précieux trésor ! »
Ceci est un témoignage de haute importance dans la lutte contre l’esclavage. Mais on pourrait en produire de contraires. Les esclaves fugitifs qui sont dans les États du nord disent, quand de vieux amis du Sud leur demandent comment ils trouvent la liberté : « Fi d’elle, je voudrais que Massa consentît à me reprendre. »
Voilà ce qu’on m’a dit, et je suis certaine que c’est la vérité. On comprend facilement que des natures paresseuses et dépendantes doivent préférer les « marmites pleines de viande et l’esclavage de l’Egypte » à la liberté, au travail et peu de pain. Des serviteurs, qui ont eu de bons maîtres dans le Sud, qui, étant rendus à la liberté, se trouvent jetés au milieu de personnes indifférentes et souvent sans bienveillance, dans un climat froid, doivent aspirer à retourner vers leurs anciennes et chaudes demeures, vers des cœurs et un soleil chauds. Une chose qui me semble remarquable, c’est le nombre infiniment petit des esclaves fugitifs qui demandent à « Massa » ou à « Mame » de les reprendre. Du reste, lorsqu’il s’agit de prononcer sur la question de la liberté ou de l’esclavage, d’en juger par des