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LA VIE DE FAMILLE

Mott), ou bien seule, car je suis devenue habile dans l’art de lutter avec les flots et de m’y tenir en équilibre. Le bain dure un quart d’heure environ.

On dîne à deux heures : scènes tumultueuses. Dans une salle vaste et claire, où retentit une musique bruyante, sont assises, à deux longues tables, près de trois cents personnes, servies par un régiment de quarante et quelques nègres. Ils entrant, manœuvrent au son d’une sonnette, et font autant de bruit qu’ils le peuvent avec les plats, les assiettes, etc. Ils entrent deux à deux, portant chacun un plat ou écuelle sur les mains. Le maître d’hôtel donne un coup de sonnette, les porteurs de plats s’arrêtent, forment deux files entre les tables. À un autre coup de sonnette, ils se tournent vers les tables, s’arrêtent chacun à sa place. Drelin ! et ils abaissent les plats sur les tables avec un vacarme à faire sauter. Le dîner est la plupart du temps fort bon et moins épicé que ce n’est l’usage sur les tables américaines, surtout dans les hôtels. Quoique partout je sois privée de légumes, je mange cependant volontiers du sqwash ; c’est la chair d’une espèce de courge fort commune ici, accommodée à peu près comme les choux dans notre pays. Cette chair est blanche, assez fade, mais tendre, agréable : c’est un mets généralement répandu. Les tomates sont aussi un fruit méridional de fort bon goût et très-aimé, qu’on sert en salade. Un autre mets permanent sur les tables américaines à cette époque, c’est le « blé doux. » Il se compose d’épis d’une espèce de maïs précoce, fort doux, cuits à l’eau et qu’on sert en entiers ; on les mange avec du beurre, ils ont le goût des petits pois à la française lorsqu’on détache les grains de la tige avec un couteau. Quelques personnes font faire à leurs dents l’office du couteau, entre autres trois messieurs assis à table en face de