temps, par les plus heureux succès. C’est ce qui a eu lieu relativement au transport de la glace dans les contrées tropicales.
Le premier qui tenta cette expérience, et vit maintenant à Cambridge (Massachusett), fut considéré pendant plusieurs années comme un extravagant, même par des gens raisonnables. Maintenant l’exportation de la glace dans le Sud est l’une des principales branches de revenu de l’Amérique septentrionale. De nombreux navires portent des masses de glace, prises dans les lacs des montagnes de l’État de New-York, du Massachusett et du New-Hampshire. L’individu qui s’obstina à tenter cette exportation, malgré toutes les contrariétés qu’il rencontra, et dont le premier chargement, arrivé à la Havane, fut jeté à la mer sous prétexte que cette glace était d’une qualité nuisible, est aujourd’hui riche et considéré comme un homme sensé.
L’Amérique du Nord est le pays des expériences, par suite du caractère entreprenant de ses habitants, de sa division politique, de ses institutions, qui laissent un espace illimité à l’originalité, aux forces individuelles, pour agir dans leur sens. Les premiers essais dans le vaste champ expérimental de l’humanité ont ouvert des perspectives sans fin à l’égard de ce qu’elle peut faire encore. Un de ses fils a tiré sans bruit la foudre du nuage, pour l’empêcher de nuire aux habitations humaines ; un autre a donné, par la vapeur, des ailes à tous les peuples de la terre ; un troisième, — qu’il doit s’estimer heureux ! — a trouvé le moyen d’assoupir la douleur physique, d’endormir le patient à l’heure de son martyre. Tout cela s’est fait au commencement de la vie de ce pays ; car, pour une civilisation dont l’avenir se compte par milliers d’années, deux siècles ne sont qu’un moment du matin, le jour n’est pas