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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

encore venu. Que ne fera pas ce peuple durant cette longue journée ? Des choses plus grandes que celles-là, j’ose le prédire en m’appuyant sur son regard intelligent et limpide. On l’habitue de bonne heure à observer avec profondeur, à saisir les choses avec toute sa force sans regarder beaucoup autour de lui, sans se laisser arrêter par les avertissements du passé. Il a l’œil éveillé, un vaillant courage, une persévérance inépuisable. Quand, la semaine de travail finie, le dimanche se présentera, ces yeux animés, attentifs, se dirigeront avec plus d’énergie que maintenant vers les choses surnaturelles ; il y fera également des découvertes, portera les sciences et la sagesse dans les régions où l’humanité n’est encore qu’en espérance et par ses pressentiments. Je le crois, parce que l’esprit, la constitution de ce peuple le porte à se servir principalement de ce qui peut avoir de l’importance pour l’humanité tout entière, pour l’homme dans son monde. Je le crois, parce que la race germanique, dont la nature est profonde et transcendante, se montre sur ce sol alliée à la race anglo-saxonne, et que j’attends de leur croisement intellectuel une race chez laquelle les plus hautes méditations s’uniront au coup d’œil le plus net et le plus pratique.

Ce qui pour le moment distingue d’une manière spéciale l’Américain (Yankee, ou frère Jonathan comme on l’appelle dans le langage jovial, en opposition de son ainé John Bull), c’est en grande partie ce qui caractérise les Anglais, c’est-à-dire, l’esprit national uni à l’esprit religieux et leur produit : l’amour pratique de l’humanité.

Frère Jonathan a d’autres traits de ressemblance encore avec John Bull ; ils ont le même père, non la même mère. John Bull est corpulent, a les joues colorées, est important, parle haut. Frère Jonathan, beaucoup plus jeune, est