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LA VIE DE FAMILLE

sipi, qui permettra à deux cent cinquante millions d’individus d’y vivre commodément ; où les plus belles céréales américaines croissent avec une telle abondance, qu’elles pourraient suffire, à ce qu’on assure, aux besoins de l’Union tout entière. C’est là seulement qu’il est possible, dit-on, de bien saisir le phénomène de la civilisation sociale américaine dans ce qu’elle a de plus remarquable, dans ce qu’on appelle d’ordinaire le progrès. Je suis donc désireuse de voir en quoi consiste cette croissance, et j’espère en causer ensuite de vive voix avec vous.

Si ma mère et ma sœur y consentent, je passerai encore un hiver dans ce pays. La bienveillance, l’hospitalité si remarquable dont je suis l’objet ici, me facilitent les moyens de visiter les États et les contrées éloignées ; ce peuple a le cœur d’une chaleur juvénile, il faut le reconnaître, même lorsqu’on est trop vieille, trop pesante pour bien recevoir tout ce qu’il veut donner.

La facilité avec laquelle il reçoit les impressions intellectuelles fait aussi partie de sa jeune vie ; l’Amérique est une terre hospitalière, non-seulement pour les hommes, mais aussi pour les idées. On s’en aperçoit à l’estime qu’elle a pour les noms scientifiques et littéraires de l’Europe. Je m’attends à voir se développer ici, dans l’avenir, mainte semence répandue par la connaissance plus intime des penseurs et des poëtes de la Scandinavie. J’espère que les écrits théologiques de H. Martensen seront bientôt traduits ici ; une théologie qui embrasse et sanctifie la vie universelle, qui fait de chaque don naturel un don de la grâce, une théologie comme celle-là, existe dans les pressentiments et la foi d’une partie de la nation, mais pas encore dans l’Église de ce pays.

Je renferme dans votre lettre quelques mots pour H.-C.