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LA VIE DE FAMILLE

mière s’arme sérieusement pour la guerre. C’est une folie dont l’État aux Palmettes se trouvera mal ; il n’aura pas d’auxiliaires et ne pourra rien faire.

On s’occupe beaucoup, dans ce moment, de l’aveu et de la mort du professeur Webster. Il n’est pas un coin des États-Unis où cette lugubre histoire n’ait été un sujet de conversation. Partout on suivait attentivement ce procès. Après avoir débité pendant longtemps une foule de mensonges, Webster a fini par avouer qu’il était le meurtrier, mais en prétendant qu’il avait commis ce crime en se défendant ; il n’en a pas moins été condamné à mort par les juges du Massachusett. M. Pibody, prêtre unitaire, l’a préparé à mourir, et sa contenance était résignée en marchant vers l’échafaud. Sa femme et ses malheureux enfants ont cru le plus longtemps possible à son innocence ; ils se conduisent parfaitement, dit-on, travaillent pour vivre, et ont refusé le secours en argent que la veuve de la victime leur a noblement offert. L’une des filles est mariée et établie à Madère ; une autre est fiancée, et l’on assure que toute la famille va quitter l’Amérique pour se retirer à Madère : je m’en réjouis pour elle. Malgré la culpabilité de Webster, l’opinion publique aux États-Unis est tellement prononcée contre la peine de mort, que, même dans cette circonstance, plusieurs protestations ont été rédigées pour en demander l’abolition. Les exécutions, en Amérique, se font dans les prisons.

Cony-Island, 26 août.

Me voici de nouveau sur le bord de la mer ; ce lieu agreste, solitaire, a un charme sauvage ; la lune brille avec éclat sur les flots mugissants. Je me promène le soir sur la plage