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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

déjà en mouvement, et des milliers d’anciens esclaves quittent les États du Nord pour fuir vers le Canada ou la mer, et se rendre en Angleterre. Tout récemment, un esclave fugitif a été repris à Boston et rendu à son maître. Le peuple était en grande fermentation ; cependant il n’opposa point une résistance ouverte. La loi ordonnait, on obéissait ; mais les cloches de Boston sonnèrent en mort. Je partage les sentiments de mes amis sur l’opprobre de leur pays : — n’avoir plus un coin de terre qui puisse se dire l’asile de la liberté ! Ils éprouvent de l’amertume, non pas contre le Sud, mais contre cette partie des habitants du Nord qui, dans l’intérêt de Mammon ou du « coton, » phrase usitée dans ce pays, repoussent le plus noble de ses droits.

Je comprends et j’aime la résolution prise par mes amis de faire beaucoup de sacrifices, de souffrir beaucoup de maux pour changer ce malheureux état de choses ; mais je ne partage pas tous leurs points de vue sous ce rapport ; je suis plus confiante, j’ai une foi plus vive en la victoire de la partie la plus noble du Sud et du Nord. Dans cette grande lutte entre Dieu et Mammon, la loi sur l’esclavage est une bataille perdue, mais non pas décisive. Je crois, avec Clay et Webster, que c’est un pas fait en arrière, amené par la nécessité du moment, mais qui donnera lieu à de grands progrès dans la voie de la liberté.

Peu de temps après le départ de Clay, toutes les mesures, les résolutions qu’il avait proposées dans son bill de compromis, ont été votées après quelques petits changements. Le grand homme d’État avait probablement trouvé l’unique moyen de conciliation possible entre le Nord et le Sud. Cependant quelques États du Sud sont encore mécontents. La Caroline et le Mississipi réclament à grands cris la « séparation, » et l’on assure que la pre-