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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

quelle nous nous trouvions. La société du New-Libanon est partagée en deux familles, celle du nord et celle du sud. Chaque famille a ses maisons, ses administrateurs, son ménage séparé.

Je présentai mes questions aux Anciens et ne tardai pas à m’apercevoir qu’ils ne pouvaient pas y répondre. L’un de ces hommes était riche, avait quitté sa femme et sa famille pour entrer dans la société des Trembleurs, à laquelle il avait donné une partie de sa fortune. Plus tard, l’une de ses filles était venue le rejoindre. Cet homme, déjà âgé, fortement constitué, avait l’air bon, et un visage qui exprimait plus de sentiment que de vigueur dans la pensée. L’autre Ancien était doué d’un extérieur noblement patriarcal ; tous deux n’avaient presque rien à dire. Les femmes paraissaient douces mais bornées ; elles avaient cherché et trouvé un port à l’abri des tempêtes de la vie et ne voulaient pas en savoir davantage.

Mais l’Ancien Évans, au front étroit et haut, aux yeux enfoncés, entra, et la conversation prit une autre allure. Je fus surprise de trouver dans ce prédicateur fanatique un homme fort sensé, ayant, généralement parlant, une manière de penser libérale, quoique peu profonde dans le sens de ce mot. Il comprenait la base de la vie des Trembleurs, et savait en rendre compte. Avec lui, la conversation fut véritablement intéressante pour moi, et nous y fûmes tous deux très-sérieux.

Parmi les questions et les réponses qui eurent lieu entre nous, je ne citerai que celles-ci :

D. Quelle idée attachez-vous à votre danse, est-elle symbolique ou disciplinaire ?

R. L’une et l’autre. Nous dansons parce que nous ne pouvons pas nous en empêcher, parce que nous devons