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LA VIE DE FAMILLE

cordiale. Lowell venait d’arriver avec Marie, et notre rencontre au milieu des frères et des sœurs qui souriaient avec douceur et nous regardaient avec intérêt, fut des plus affectueuses. Ils nous invitèrent tous à souper avec eux, mais M. et madame Lowell continuèrent leur course vers New-Libanon, Marie ayant besoin de se reposer.

Marcus, Rébecca et moi, nous descendîmes dans une salle où l’on avait dressé une table à notre intention, et sur laquelle était placé du thé, du lait, du pain, du beurre, des gâteaux, de la confiture, le tout avec abondance. Nous fûmes servis par les sœurs ; quelques-uns des plus vieux frères se mirent à table avec nous, mais sans manger. Rébecca dit à l’une des sœurs qui nous servait, au moment où celle-ci se baissait pour offrir quelque chose : « Vous avez un air si bon que je ne puis m’empêcher de vous embrasser. » La sœur sourit et parut contente. Plusieurs autres entrèrent pour nous voir ; je remarquai parmi elles quelques femmes d’un âge moyen, dont l’air était remarquablement bon et noble. Le calme et une douceur grave les distinguaient toutes ; elles me rappelaient une douce mais sombre matinée de septembre en Suède ; l’air est pur, le sol encore vert, c’est encore gracieux et calme ; mais une certaine mélancolie repose sur le paysage ; le soleil, les fleurs, le chant des oiseaux lui manquent ; rien ne pousse, tout est immobile, et si un oiseau commence un petit gazouillement, il s’arrête immédiatement. Cependant je végète bien dans l’atmosphère tranquille et douce de septembre, et les sœurs voyaient avec plaisir l’intérêt que nous paraissions leur porter, ainsi qu’à leur société.

Elles étaient intimement amicales et agréables, beaucoup plus que je ne l’aurais cru d’après la scène du matin. Je leur dis en les quittant : « Je vous salue toutes en vous