Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
172
LA VIE DE FAMILLE

« Bon courage, capitaine, pas un cheveu de ta tête ne tombera et ne sera endommagé. Je vois deux anges debout près du mât de ton navire. » Et au même moment, dit la narration, une vague remit la planche en place, l’eau n’entra plus dans le vaisseau et les hommes des pompes s’en rendirent maîtres. La tempête ne tarda pas non plus à se calmer ; après quoi le capitaine laissa les Trembleurs en paix. Ils continuèrent à danser et à chanter ; ce fut ainsi qu’ils arrivèrent dans le Nouveau-Monde.

Mère Anne Lée et ses fidèles achetèrent de la terre non loin des bords de l’Hudson, cultivèrent le désert, bâtirent des maisons et fondèrent en 1776, au mois de septembre, leur première église sous le nom de New-Libanon.

Le mari d’Anne Lée, le pauvre homme auquel on l’avait unie avant l’époque de ses extases religieuses, fit dans le commencement partie de ses fidèles, mais il finit par se séparer d’elle, tomba dans l’ivrognerie et autres vices. La société de New-Libanon prospéra, grandit sous la direction d’Anne Lée et donna naissance à de nouvelles sociétés de Trembleurs dans d’autres États ; Anne Lée les visitait pour y répandre sa doctrine. Elle mourut dans un âge avancé, généralement estimée et aimée.

Les principes et préceptes donnés par elle, qui ont été conservés dans ce livre, annoncent un esprit pieux et doux, entaché parfois de la croyance présomptueuse qu’elle était un autre Christ, et indiquent une raison fort sage, économique et pratique. Cependant toutes les règles qu’elle donne concernant le travail, l’économie, sont rapportées à Dieu comme au donateur de tout ce qui est bon. « Les aliments sont un produit de la bénédiction de Dieu, c’est pourquoi nous ne devons rien gâcher. »

Quant à l’extérieur d’Anne Lée, il est dit : « Sa taille