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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/182

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LA VIE DE FAMILLE

La plupart des sociétés de Trembleurs paraissent être en bonne position ; celle de New-Libanon passe pour riche ; elle augmente continuellement ses propriétés, et vit d’agriculture, de l’élève des bestiaux, surtout des métiers. Les objets confectionnés par les Trembleurs sont solides, mais un peu bizarres de formes et de couleurs, dépourvus de goût. Le jaune-gris ou le brun-jaune pâle sont les couleurs dominantes. Les Trembleurs vivent bien, travaillent commodément, parce qu’ils n’ont pas de plaisirs ni de superflu, et travaillent également pour tous. La secte ne grandit pas, ne paraît pas non plus décroître ; on ne cite sur son compte aucune histoire scandaleuse. Il paraît cependant qu’assez souvent un jeune couple s’enfuit pour se marier et vivre en dehors de la société. On les considère comme perdus et l’on ne s’inquiète pas d’eux.

Une fois (à ce qu’on m’a raconté), un enfant nouveau-né fut déposé devant la porte d’une maison de Trembleurs. Lorsqu’on le trouva le matin, cet événement produisit une grande sensation dans la société ; tous les Trembleurs, hommes et femmes, jeunes et vieux, vinrent voir cette singulière chose appelée un « nourrisson ; » l’enfant devint un objet de curiosité et d’intérêt pour toute la société ; son bien-être, son accroissement, son développement, furent le sujet de toutes les conversations, de l’attention générale. Pendant longtemps, c’était le principal personnage de leur société.

Tu dois en avoir assez sur le compte des Trembleurs. Quant à moi, je désire en apprendre davantage sur eux et leur société ; et j’espère trouver plus tard l’occasion de les mieux connaître. Mère Anne Lée ! combien de filles d’Ève (et de fils aussi) devraient aller à l’école chez toi (mais non pas celle de danse) !