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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/183

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

J’ai passé la soirée avec mes amis et fini par me disputer avec Marcus et Rébecca ; il s’agissait de nouveau d’une vieille histoire, c’est-à-dire qu’il me fut impossible d’obtenir la permission de payer ma part de voyage et de séjour à l’hôtel. Le mari et la femme ont des milliers d’expressions et de manières pour me réduire au silence et me forcer de passer par où ils veulent sans même les remercier. Mais, je le sais, ils comprennent mes sentiments ; on dirait que nous sommes frères et sœurs.

Marcus et Rébecca sont retournés à New-York, et je me dirige vers l’Ouest, avec les Lowell, par bateau à vapeur et chemin de fer. Nous avons été pris par une pluie épouvantable ; elle nous a traversés, ainsi que nos valises, en passant d’un bateau sur l’autre. Trempés par cette pluie torrentielle, qui transformait en rivières les rues d’Albany, nous sommes arrivés à un hôtel où — on n’a pas voulu nous recevoir. Il devait y avoir deux jours après une foire de l’agriculture dans la ville, toutes les chambres étaient retenues d’avance. Mais lorsque nous promîmes de n’y passer que la nuit, on se décida à nous en donner, et il me sembla bon de pouvoir me sécher à un feu flamboyant, de prendre du thé bien chaud.

Je suis ici au centre de l’État le plus puissant de l’Amérique du Nord, dont la population est aussi considérable et infiniment plus riche que celle de toute la Suède, et qui deviendra plus puissant encore. L’État de New-York n’a pas d’origine ni de souvenirs intéressants comme ceux. du Massachusett, de la Pennsylvanie et de la Géorgie. C’est l’intérêt commercial qui a commencé à peupler ce pays ; ses premiers colons sont venus de la Hollande. Ils appelèrent ce pays la Nouvelle-Néerlande, et la presqu’île où est située la ville de New-York, s’appelait Manhattan ; ce ma-