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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/185

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

cité de l’éclair vers la grande chute), que je veux causer un moment avec toi, te rendre compte de ma vie ces jours passés.

La dernière fois que je t’ai écrit, c’était d’Albany ; la pluie nous retint au logis toute l’après-midi et le soir ; le matin suivant se présenta gris et sombre. Je regardais le ciel de travers en craignant la pluie, mais je vis les nuages s’amincir, des percées bleues se montrer, et la gaieté me revint. La journée a été magnifique, le voyage également, dans la belle et fertile vallée de Mohawk qui longe la rivière du même nom, petite, bruyante, aux ondes transparentes, légèrement rouges et courant à travers des champs verdoyants. Les nuages prirent des ailes, s’envolèrent dans l’espace bleu, disparurent et laissèrent le ciel rayonnant et clair. Le sol resplendissait d’hélianthes partie sauvages, partie cultivées, près des petites habitations. Je n’en ai jamais vu d’aussi grandes et d’aussi riches ; bon nombre d’entre elles ressemblaient à de jeunes arbres. Dans un endroit, j’ai vu une petite maison autour de laquelle ces fleurs formaient comme un bosquet ; il est vrai que la maison était basse. Le pays paraissait bien cultivé ; le soleil brillait sur cette belle et riche contrée que la pluie de la veille faisait briller à son tour, l’ensemble était frais et joyeux. Nous volions sur ce bon chemin de fer et appuyés dans des fauteuils excellents, vers l’Ouest, cette terre promise du soleil couchant… Nous traversâmes ainsi une foule de villes nouvellement nées, Syracuse, Rome, Oswego, Auburn, Vienne, Amsterdam, Schnectady, Onéida, Chute-de-Seneca, Genève, etc., toutes agréables, en croissance, ayant de jolies habitations et jardins, plusieurs églises, des édifices élégants, un hôtel de ville dominant la cité par sa position et son caractère ; le tout rendait témoignage