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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/187

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

un voyage de découvertes dans la petite ville au vieux nom républicain, en me disant : « Allons à la recherche de Caton, son esprit revient peut-être ici, » et en effet, quoique sous une autre forme ; c’est-à-dire que je vis sur quelques maisons, un placard imprimé, où je lus : « Les couturières de la ville d’Utique sont convoquées à … mercredi prochain, pour aviser au moyen de remédier à l’oppression sous laquelle nous travaillons et sur la meilleure manière de conquérir nos droits. »

Antique et sévère champion des droits du peuple, qui n’a pu vivre en les voyant étouffés par les mains de César, Caton, au noble esprit, toi qui es mort pour la liberté républicaine, — tu as vaincu ! Ce que tu voulais, la chose pour laquelle tu as combattu, est en vigueur ici. Dans cette nouvelle république, créée deux mille ans après ta mort, la partie la plus infime du peuple peut se lever pour revendiquer ses droits, faire des discours au forum de l’État comme les grands, et obtenir justice. Vieux républicain, tu as vaincu ! ton esprit vit ici plus puissant que dans la vieille Rome. Les couturières de la cité d’Utique en rendent témoignage dans la ville qui porte le nom du lieu de ta naissance ; il est fâcheux seulement qu’elles n’écrivent pas leurs invitations un peu plus grammaticalement. Mais qu’importe ? le sens en est clair.

Je retournai donc à l’hôtel, contente d’avoir rencontré l’esprit de Caton à Utique, d’avoir vu plusieurs maisons fort jolies, construites avec goût et entourées de plantations. Les rues, dans les petites villes américaines, sont des avenues bordées de maisonnettes de campagne isolées, avec pelouse, jolie grille, jolis arbres devant la maison. Dans la partie de la ville où se trouvent les boutiques, les maisons se touchent et sont bâties en vue des affaires plutôt que