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LA VIE DE FAMILLE

des moulins. Elles n’étaient pas considérables, mais d’une beauté très-pittoresque ; des arbres et des plantes touffues croissaient autour d’elles. Nous allâmes ensuite, en voiture, voir un moulin à farine ; je le visitai jusque dans ses moindres parties, donnant des poignées de main à tous les meuniers, ce qui me couvrit de farine. Les rues de la ville étaient animées par les allants et venants à pied, en voiture, et dans la foule des Européens on voyait des Indiens en couverture blanche, cheveux courts, noirs, rudes, tombants, entrer et sortir des boutiques.

Le lendemain, j’ai fait connaissance avec ce qu’on appelle les coups de Rochester : ces coups magiques qui tiennent du lutin, et se font entendre depuis longtemps dans l’Ouest, partout où se trouvent deux jeunes femmes du nom de Fish. On prétend qu’ils sont produits par des esprits qui suivent les deux sœurs et en rapport avec elles. Une foule de personnes de la ville sont allées les voir, ont entendu les coups, ont vu les tables se promener toutes seules dans la chambre, et autres phénomènes, le tout opéré par les prétendus esprits. Quelques personnes y croient, le plus grand nombre ne croit pas et considère ces jeunes femmes comme des trompeuses qui produisent elles-mêmes ces bruits et ces effets singuliers, les sœurs Fish prenant de l’argent pour se faire voir et entendre : cette dernière opinion est la plus probable. Cependant ces femmes ont demandé une enquête, consenti à se laisser lier les pieds et les mains en présence d’un comité composé des personnes les plus respectables de la ville, et pendant tout ce temps le bruit et les coups se sont fait entendre autour d’elles. Les membres du comité ont publié dans les journaux une déclaration signée d’eux, comme quoi ils n’avaient rien découvert qui donnât lieu d’accuser ces jeunes femmes de