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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

tromperie. Depuis lors, on les a laissés en paix ; mais la bonne société de la ville paraît considérer comme une preuve de mauvais goût et jugement d’aller voir ces femmes.

Depuis mon enfance, j’ai tellement entendu parler de ces histoires de revenants, moi-même j’ai entendu des choses que je n’ai pu expliquer comme produites par des causes naturelles connues, et, depuis mon voyage en Amérique, les journaux mentionnant continuellement les « coups de l’Ouest, » j’étais curieuse de les entendre de mes propres oreilles. Les Lowell partageant ma curiosité, nos amis de Rochester nous conduisirent à l’endroit où, pour le moment, ils se font entendre.

La vue seule des deux sœurs suffit pour me convaincre que les esprits avec lesquels elles étaient en rapport n’étaient pas d’une nature spirituelle bien respectable ; les personnes qui sont en relation avec des esprits supérieurs doivent avoir un autre air. Du reste, ce que j’ai expérimenté durant cette visite, qui, à certains égards, a été assez remarquable, m’a fait arriver à cette conclusion : c’est que les esprits ne comprenaient pas le suédois, sinon ils ne se seraient pas laissé braver et menacer en cette langue, comme je l’ai fait ; que ces coups étaient un jeu des deux sœurs, elles me paraissaient assez malignes pour cela. Ce qui me surprend, c’est que des personnes raisonnables et même spirituelles puissent chercher, par l’intermédiaire d’esprits qui frappent des coups, à se mettre en communication avec des êtres chéris qui n’existent plus, comme cela est arrivé et arrive encore de notre temps. Mais, hélas ! le chagrin du cœur et le doute de la pensée peuvent mener loin. J’aimerais mieux ne jamais avoir sur cette terre de communication avec les bien-aimés que j’ai perdus, que de recourir