Beaucoup de propriétaires d’esclaves vivent de l’argent gagné de cette manière par leurs esclaves ; en retour, ils les habillent et doivent en prendre soin pendant leurs maladies ou leur vieillesse. Bon nombre de ces esclaves gagneraient donc au delà du nécessaire si on leur laissait le salaire reçu.
La femme de Douglas est une négresse très-noire, aux formes pleines, grasse, à l’air bon. Leur petite Rosette est noire et laide ; une femme blanche lui sert d’institutrice et habite la maison de Douglas. J’ai admiré la force de caractère de cette gouvernante, qui lui fait supporter les ennuis qu’elle doit s’attirer de la part des blancs, si remplis de préjugés ; ils forment encore des légions, même dans les États libres. J’ai vu Douglas trop peu et dans des circonstances trop défavorables pour avoir une impression bien nette de ce qu’il est. Si l’amertume est plus puissante chez lui que la générosité, qui pourrait s’en étonner ?…
Mais il faut que j’arrive à l’Ontario, où nous avons pris le bateau à vapeur le soir, en quittant Rochester, pour aller plus loin. Les amis qui nous ont rendu notre séjour dans cette ville si agréable nous ont accompagnés jusqu’au rivage, après nous avoir donné une quantité de fleurs, les plus beaux fruits et les plus excellents. Rochester nous a laissé un souvenir des plus aimables.
Nous avons traversé l’Ontario par une nuit paisible, sombre, éclairée seulement par les étoiles qui scintillaient au-dessus de nous entre les nuages. Au point du jour, nous sommes entrés dans la Niagara, petite mais romantique et jolie enfant de la grande chute de ce nom. Au lever du soleil, nous prîmes terre et montâmes en voiture pour aller vers la cataracte.
Le matin était magnifique, un peu froid, mais clair et