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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

mon regard d’adieu sur cette grande scène. La couleur verte de ses eaux, leur parfum délicieux, inexprimable, vivifiant, me ravissent toujours. Je suis bien aise de partir, mais je forme le souhait de revenir pour voir cette cataracte dans sa magnificence d’hiver, quand elle se couronne de fleurs, de fruits, de mille ornements fantastiques en glace ; quand la pleine lune forme son arc lunaire au-dessus. Nous verrons, nous verrons. Je suis, en attendant, infiniment reconnaissante d’avoir vu le Niagara. Il restera gravé dans mon âme avec sa grandeur, sa puissance calme, sa couleur, son parfum, le jeu de ses arcs-en-ciel sur la blanche figure des nuages.

Il m’en coûte de me séparer de mes jeunes amis ; ils m’accompagneront jusqu’à Buffalo seulement.

LETTRE XXIV


Chicago (Illinois), 15 septembre 1850.

Me voici sur le bord sud-est du lac Michigan, ma chère Agathe, non pas sur son bord sablonneux, mais dans une jolie villa de construction italienne, avec colonnes de l’ordre corinthien, entourée de beaux arbres et de belles fleurs.

Je me suis séparée des amis, devenus pour moi presque un frère et une sœur, sur la place de Buffalo, au milieu de chevaux, de charrettes, d’hommes trafiquant, allant, venant, voyageant, se pressant avec hâte, entourés de coffres et de toutes sortes de bagages. Le temps et le loisir nous