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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/209

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

et prenait soin du bien-être de tous. C’était le foyer de la famille, le port calme, où les travailleurs venaient se reposer, se rafraîchir, sous la protection de mère Anne. Ce lieu fut donc appelé Anne-Arbourd, et la ville, qui s’éleva insensiblement autour de la tente, conserva ce nom. Avec ses jolies petites maisons et ses jardins sur les collines et leurs pentes verdoyantes, cette ville présente l’aspect d’un port paisible et agréable.

Nous y passâmes la nuit ; le lendemain nous partîmes par le chemin de fer et traversâmes l’État et la presqu’île Michigan. Tout le long de la route, j’ai vu de petites fermes bien bâties, entourées de terres bien cultivées, de champs de blé et de maïs, de vergers remplis de pommiers et de pêchers. Dans des contrées plus sauvages, le sol resplendissait de fleurs nacarat et bleues, que la rapidité de notre course m’empêchait d’examiner, d’hélianthes de haute taille, avec couronne aussi grande que celle des jeunes arbres. C’était agréable et joli à voir. Mon vieux pionnier me dit qu’il n’avait vu nulle part une aussi grande abondance de fleurs que dans le Michigan, surtout autrefois, quand le sol était sauvage. Cet État est l’un des plus jeunes de l’Union ; mais le terrain y est riche, particulièrement en blé, et en grand progrès. Sa législation, des plus libérales, a aboli la peine de mort ; mais on m’a parlé de crimes commis il y a peu de temps dans cet État, et qui, en vérité, auraient bien mérité la mort ou une détention perpétuelle. Un jeune homme appartenant à une famille considérée de Détroit avait, pendant une chasse, tiré traîtreusement et à plusieurs reprises sur son meilleur ami, jeune comme lui, afin de s’emparer de son portefeuille, renfermant des billets de banque. Il n’a été condamné qu’à vingt ans de prison. Il est visité par de jeunes dames,